Comment faire travailler ensemble différentes générations

Voici quelques conseils pour recruter et intégrer des seniors à vos équipes et faire collaborer différentes générations en harmonie.

Manager une équipe intergénérationnelle, c’est aussi savoir poser les bonnes questions, au bon moment.
Manager une équipe intergénérationnelle, c’est aussi savoir poser les bonnes questions, au bon moment. © fizkes/stock adobe.com

Si le taux d’emploi des 55-64 en France progresse peu à peu pour atteindre, au quatrième trimestre 2021, 56,1%, selon les données de la Dares, il reste encore très en deçà de la moyenne européenne. En 2020, ce taux se situait à 53,8%, soit presque 6 points de moins que la moyenne de l’UE.

Et pourtant, favoriser l’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi des seniors est une solution efficace pour répondre aux difficultés de recrutement et viser le plein emploi, explique dans un rapport le think tank Néos. Ce dernier propose plusieurs pistes, comme la création d’un index senior, pour inciter les employeurs à embaucher des seniors.

Le Medef a également appelé le patronat à faire « de gros efforts » sur l’emploi des seniors, par la voix de sa porte-parole et vice-présidente, Dominique Carlac’h, invitée de BFM Business : « On a besoin des seniors pour pouvoir occuper justement des emplois qu’on n’arrive pas à pourvoir aujourd’hui de toute façon (…) Je crois que les patrons seront tout à fait d’accord d’avoir des gens d’expérience qui pourront transmettre à des plus jeunes du métier. »

Des stéréotypes encore tenaces

Comment expliquer que le recrutement et l’intégration des seniors en entreprise soit parfois si difficile ?

Pour Gaëlle Féchant-Garnier, directrice de l’offre et de la stratégie chez Unow, un organisme de formation à distance, les stéréotypes liés aux générations constituent le principal rempart à l’embauche des plus de 55 ans : « Certains voient les seniors comme incapables de se débrouiller avec une appli ou de coder trois lignes en html, comme des collaborateurs qui ont des difficultés à s’adapter. A l’inverse, ils pensent que tous les jeunes maîtrisent les nouvelles technologies sur le bout des doigts mais qu’ils n’ont pas le goût de l’effort. Il faut dépasser ces clichés ! »

Elle encourage recruteurs et managers à se focaliser sur les individus et à faire fi des tranches d’âges lors des processus de recrutement : « Si une entreprise est prête à accueillir chaque candidat avec ses qualités et ses défauts et compose avec, ce sera plus simple. Il n’y pas un bon ou un mauvais âge pour un poste, il y a des situations, des individus et des comportements. Si l’entretien d’embauche, la prise de références et la posture du candidat confirment qu’il dispose des compétences métiers et des soft skills nécessaires, il ne faut pas aller chercher plus loin ! »

Préparer l’arrivée des nouvelles recrues

Pour que les différences d’âge dans l’équipe ne soient pas un sujet, Gaëlle Féchant-Garnier préconise de soigner le parcours d’onboarding et d’anticiper au mieux l’arrivée d’une nouvelle personne, junior ou senior : « Il faut lui donner de la légitimité en la présentant à l’équipe avant sa prise de poste. Expliquer pourquoi elle arrive, quelles seront ses missions et ses objectifs au regard de la stratégie globale de l’entreprise. Ça permet aussi de répondre aux questions des collaborateurs : qu’est-ce que cette arrivée va changer pour nous ? »

Il est également possible d’organiser une rencontre en physique ou visio avec les autres membres de l’équipe, quelques jours ou semaines, avant le début du contrat de la nouvelle recrue. L’occasion pour elle de revenir sur ses expériences professionnelles passées et de couper court aux a priori négatifs.

Préciser le périmètre d’action de chacun

Autre point important : bien cadrer les missions de la personne qui rejoint l’entreprise, souligne Gaëlle Féchant-Garnier : « Fixer un cadre et des objectifs extrêmement clairs permettra à chacun de connaître ses responsabilités, sa latitude de décision et de rester à sa juste place : ce n’est pas parce qu’on a plus de 50 ans, qu’on n’est pas en mesure d’entendre, de la part de notre manager qui a 25 ans de moins, qu’on nous fixe des objectifs. Ces objectifs ne sont d’ailleurs, en réalité, pas fixés par une personne mais dictés par la stratégie de l’entreprise. Dans mon entreprise, mon n+1, qui est aussi le CEO, a presque 20 ans de moins que moi. Nous avons des relations professionnelles très enrichissantes et une capacité d’écoute mutuelle qui nous assurent une collaboration fluide dans l’intérêt de l’entreprise. »

Pour que le nouveau collaborateur prenne facilement ses repères, assurez-vous qu’il dispose des bons outils et des bonnes ressources et qu’il sait s’en servir. Un bon réflexe est de le mettre en relation avec un mentor qui pourra le guider et répondre à toutes ses questions.

Des échanges d’adulte à adulte

Manager une équipe intergénérationnelle, c’est aussi savoir poser les bonnes questions, au bon moment, lorsqu’on arrive à la tête d’une équipe : quels sont les process utilisés jusque-là et pourquoi ? « Cette posture d’humilité maximise vos chances d’avoir des réponses fiables et pertinentes, de montrer que vous êtes ouverts au dialogue. Car la richesse de la collaboration intergénérationnelle, c’est la confrontation des points de vue ! Se confronter à des schémas de pensée différents du nôtre permet de désapprendre pour mieux apprendre ensuite. Nous sommes dans un monde où on ne peut pas s’abstenir de se remettre en question. Quand on a 25 ans ou 50 ans, on n’a pas la même expérience de la vie, pas le même recul et pas la même façon d’affronter des problèmes. »

Enfin, Gaëlle Féchant-Garnier souligne l’importance de placer les échanges professionnels sur un registre d’adulte à adulte : « Si, en tant que manager de 50 ans, vous répondez à votre collaborateur de 28 ans qui vous court après parce qu’il a une question : ‘’Je te l’avais dit, je suis débordé, on verra ça quand j’aurai le temps’’, vous vous mettez dans la posture du père ou de la mère de famille qui répond à son enfant. Votre collègue aura alors certainement une réaction d’enfant : ‘’S’il te plaît, s’il te plaît, j’en ai juste pour une minute’’. Tandis que si vous lui dites : ‘’Peux-tu rapidement me résumer ton problème et ton point de blocage ?’’, on n’est plus du tout dans la même relation. Ça ne prendra pas plus de temps que le premier scénario et le collaborateur trouvera, bien souvent, la solution en vous soumettant le problème ! »

Sujets liés : Management

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